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Le traitement et les adultes

Sur Carla7 Edition 2001 - La ritaline et les adultes

 

Il est dit dans de nombreux sites que la ritaline n'est pas aussi efficace sur les adultes que sur les enfants. Je me suis interrogée : en quoi le métabolisme d'un enfant et d'un adulte différaient-ils pour que l'on puisse constater de telles différences ?

J'ai interrogé le médecin qui suit mon fils : le traitement selon lui est aussi efficace avec les adultes qu'avec les enfants.

J'ai alors émis auprès de lui une hypothèse qui lui a paru vraisemblable. Elle est tirée de mon expérience et mériterait d'être validée.

La ritaline chez l'enfant ne modifie pas fondamentalement le comportement hyperactif quand elle est prise trop tard et quand l'hyperactivité atteint un certain degré de sévérité. Je l'ai constaté chez mon fils et cela m'a été confirmée par son médecin. Tout mon "travail" auprès des enseignants consiste essentiellement à leur faire passer ce message : même sous traitement mon fils reste un hyperactif. Mon enfant a commencé le traitement à 9 ans ce qui de mon point de vue était déjà tard.

La construction de la personnalité se fait indéniablement pendant les premières années de la vie. Or celle-ci se fignole sur la base du capital neurologique et des expériences acquises. Le cerveau se façonne longtemps et jusqu'à l'âge adulte avec la confrontation des expériences. Pour moi pas de doute que les grands traits de son tempérament s'étaient déjà façonnés à l'âge de 9 ans. Certaines attitudes étaient déjà installées.

Dans ce cas que penser d'un adulte dont la formation du cerveau est aboutie et dont la construction de la personnalité est pratiquement achevée. Comment va-t-il réagir en ce sentant "changer" sous l'effet du traitement ? Déjà, on le sait, les adolescents arrêtent souvent la prescription, ils ont en assez et préfèrent quitte à avoir des difficultés "se sentir eux-mêmes".

En clair, si l'adulte n'a pas envie de changer sa vie et s'il a l'impression de ne plus se reconnaître avec le traitement, celui-ci échouera. Qu'elle ait été solitaire ou accompagnée par un thérapeute, l'adulte devra avoir fait sa propre analyse et être prêt au changement que va inévitablement introduire dans sa vie la prise du traitement.

Chez l'enfant, le traitement n'est qu'un outil (une béquille disent les psy) dont il faut savoir se servir pour tirer le maximum de profit.

Pour que cet outil serve, il faut :

- une éducation adaptée

- des rééducations (orthophonie, psychomot etc)

- une prise en charge psychologique par un professionnel averti

- une adaptation de l'enseignement

et cela pendant de longues années.

Ces mesures devront être ajustées au fur et à mesure de son développement, lequel au plan neurologique n'est achevé qu'à la fin de l'adolescence.

Chez un adulte qui n'a pas eu obligatoirement tous ces supports pendant l'enfance, il est assez facile de prédire "un échec" du traitement. Beaucoup traînent à l'âge adulte des séquelles psychologiques qui devront impérativement être prises en compte si l'on ne veut pas aboutir à cette conclusion trop rapide et à mon avis fausse : le traitement n'est pas aussi efficace sur les adultes que sur les enfants.

Mon fils est désormais adulte : qu'en est-il de l'utilisation du traitement par le méthylphénidate ?

Il est un fait que mon fiston utilise très peu le traitement et dans des circonstances très précises : celles qui l'obligent à rester des heures assis pour travailler. Ainsi lors de sa formation au CRP il l'a prise pour la remise à niveau - passage obligé qui ressemblait plus pour lui à des révisions qu'à une remise à niveau. Mais il ne l'a pas utilisée en stage. Et comme je ne le vois pas passer sa vie professionnelle sous traitement, c'est aussi bien comme cela. Il a eu la même attitude pour le permis de conduire : aucun traitement mais un nombre d'heures considérable de conduite adaptée pendant lesquelles j'ai cru bien souvent ma dernière heure arrivée mais qui au final ont payé. Il fait partie des rares jeunes aspergers qui ont le permis.

J'ai écrit qu'il était agréable à vivre : je n'ai jamais pensé que je le devais au traitement. C'est une béquille qui a été très utile pour le faire accepter en milieu scolaire mais sur laquelle je ne me suis jamais appuyée pour l'éduquer. Il échappe ainsi au destin de certains jeunes aspergers classés comme schizophrènes qui vivent en hôpital psychiatrique. 

Mais ce n'est jamais une bonne chose qu'un diagnostic tardif : plus il arrive tard, plus il est mal accepté. Apprendre à 20 ans que l'on est asperger n'est pas chose facile. 

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